Le portfolio Art Ex Machina, édité en 200 exemplaires à Montréal en 1972, sous la houlette de Gilles Gheebrandt, rassemble des oeuvres représentatives des expérimentations réalisées par les figures pionnières de l’art informatique (Computer Art). Il constitue la première édition de sérigraphies originales générées par ordinateur. Six graphiques y sont reproduits sous forme de sérigraphies, réalisés par autant d’artistes de différentes nationalités : Manuel Barbadillo (Espagne), Hiroshi Kawano (Japon), Kenneth C. Knowlton (Etats-Unis), Manfred Mohr (Etats-Unis / Allemagne), Frieder Nake (Allemagne / Canada) et Georg Nees (Allemagne).
Elles sont accompagnées d’un court texte rédigé par chacun d’entre eux. Abraham Moles, animateur de l’Institut de psychologie sociale des communications à l’université de Strasbourg, qui a publié l’année précédente l’ouvrage Art et ordinateur, signe l’introduction de cet ouvrage où il retourne quelques-uns des postulats de l’œuvre d’art. A la chaleur humaine, il oppose l’artifice ; à la figure de l’artiste, la machine à créer ; à l’émotion, la pensée ; à la pratique manuelle, le concept intellectuel.
« L’art à l’ordinateur » comme il le nomme dans son essai, prolonge la voie d’une abstraction désincarnée en l’ouvrant à de nouvelles possibilités. Mais il ne laisse aucune échappatoire à l’aléatoire, désormais remplacé implacablement par le système opératoire, les mémoires, les routines et les algorithmes de la machine.
Gaëlle Rageot-Deshayes